Grossesse et HS

Le vécu d'une femme enceinte atteinte d'Hidrosadénite Suppurée est très variable d'une femme à une autre.

Les chercheurs et les médecins s’opposent sur l’aggravation de cette maladie lors de la grossesse. Certains émettent l’hypothèse que les bouleversements hormonaux causent des poussées de la maladie, alors que d’autres observent une rémission temporaire due à ces mêmes bouleversements. Pour beaucoup de patientes, envisager une grossesse alors qu'elles souffrent déjà dans leur vie de tous les jours est une source d'anxiété. Chez les femmes qui ont décidé d'entamer une grossesse, certaines parlent d'une « période bénie » de neuf mois avec une nette amélioration de leurs symptômes alors que d'autres souffrent plus que d'habitude.

Source medisite

Maladie de Verneuil et grossesse


La maladie de Verneuil est une dermatose inflammatoire relativement fréquente, touchant environ 1% de la population française. Elle atteint préférentiellement les femmes (sex ratio : 3.3 femmes/ 1 homme) et débute dans la 2e ou 3e décennie. Certaines patientes rapportent une influence du cycle menstruel et des épisodes de la vie génitale (début des menstruations, grossesses, ménopause) sur l’évolution de la maladie.


Maladie de Verneuil et influence hormonale

L’influence hormonale est suspectée mais n’a pas été prouvée à ce jour. Une étude hollandaise a mis en évidence que 43% des patientes rapportaient une aggravation de leur maladie de Verneuil autour des règles, alors que 53.8% des patientes ne notaient aucune influence des règles sur les symptômes. 30.2% des patientes rapportaient une amélioration de la maladie de Verneuil lors de la grossesse, alors que celle-ci n’avait aucun effet pour 53.1% des patientes. Il est intéressant de noter que les patientes qui rapportaient une aggravation autour des règles étaient celles qui notaient une amélioration lors des grossesses, orientant vers un rôle hormonal chez un sous-groupe de patientes. Cependant, dans la majorité des cas, les règles et la grossesse n’ont aucun effet sur l’évolution de la maladie.

Traitement de la maladie de Verneuil durant la grossesse

Traitement médical

La prise en charge de la maladie de Verneuil repose principalement sur des antibiotiques pris lors des poussées et/ou au long cours. La doxycyline est le traitement antibiotique de fond le plus couramment utilisé, il est n’est pas indiqué au-delà du premier trimestre du fait d’un risque de coloration des dents de lait du fœtus. L’association rifampicine-dalacine peut être utilisée pendant la grossesse, les fluoroquinolones sont également utilisables pendant la grossesse. Il n’est par contre pas recommandé d’utiliser le BACTRIM pendant les 10 premières semaines d’aménorrhée en raison d’un risque malformatif.


L’acitrétine, qui peut être utilisée dans certaines formes de maladie de Verneuil (formes folliculaires) est contre indiquée durant la grossesse du fait d’un effet tératogène, ce traitement n’est pas adapté à la femme en âge de procréer puisqu’il nécessite une contraception pendant toute la durée du traitement et les deux ans qui suivent son interruption.

Certaines biothérapies (adalimumab, infliximab…) sont parfois utilisées dans des formes sévères de maladie de Verneuil. Il est recommandé de ne pas les poursuivre pendant la grossesse car elles passent la barrière placentaire et sont donc retrouvées au niveau du sang du cordon. Il existe un risque théorique d’immunodépression du nouveau-né (surtout si elles sont poursuivies tout au long de la grossesse). Cependant les données concernant des patients traitées par anti TNF durant leur grossesse (majoritairement pour des indications rhumatologiques et gastro-entérologiques) sont rassurantes.


On propose en général aux femmes souhaitant débuter une grossesse de poursuivre la biothérapie jusqu’à ce que la grossesse soit confirmée. La décision de poursuivre ou non le traitement doit se faire au cas par cas avec le dermatologue et si nécessaire avec le gynécologue de la patiente.


Traitement chirurgical

Il est recommandé d’éviter les procédures chirurgicales durant la grossesse et particulièrement lors du premier trimestre, du fait d’un risque anesthésique plus important.

Des gestes chirurgicaux simples (incision, deroofing, excision limitée) sont possibles en toute sécurité sous anesthésie locale (lidocaïne).



Auteur : Dr Anne-Claire Fougerousse, Dermatologue, praticien hospitalier Hôpital Bégin Saint Mandé (94)


Références :


Vossen A. Menses and pregnancy affect symptoms in hidradenitis suppurativa: A crosssectional study J Am Acad Dermatol 2017.


P Perngs Management of hidradenitis suppurativa in pregnancy. J Am Acad Dermatol 2016


Centre de Référence sur les Agents Tératogènes


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